Voir les photos liées à cet article : Photos du carnaval d'Oruro - Bolivie

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Oruro est une ville sans réel charme ni intérêt, qui ne mérite généralement pas le détour. Mais chaque année, aux alentours des premiers jours de février, elle accueille la plus grande parade de carnaval et rassemble, pendant deux jours, touristes et boliviens venant des quatre coins du monde ou du pays.

J'y suis arrivé sur le coup des 05h00. Après être resté un petit moment à terminer ma nuit dans le bus (grand avantage en Bolivie et au Pérou : il est possible de rester dans le bus jusqu'à 06h00 pour y dormir), je me mets en quête d'un logement. Mais tout est évidemment bondé et personne ne peut me renseigner sur les pensions de famille. N'ayant franchement pas envie, le temps et le courage de chercher quelque chose, je décide de raccourcir mon séjour et de ne rester à Oruro que pour la journée. Munit d'un billet de bus nocturne pour Cochabamba acquis en jouant des coudes, je me mets enfin en direction de la rue principale, où passera le cortège. Je suis aussitôt assailli par une nuée de petits vendeurs proposant des imperméables et autres ponchos, destinés à se protéger des divers projectiles auxquels il y a de forte chance que le visiteur de base se trouve confronté. Quelque mètres plus loin apparaissent d'ailleurs les premiers vendeurs d'espuma, de pistolets et de bombes à eau. Beau concept marketing quand on y pense...
Je finis par tomber sur l'avenue qui accueillera le défilé. Des gradins sont élevés de part et d'autre de la rue afin de permettre aux spectateurs de s'y asseoir. Après une petite étude de marché, je finis par louer l'une des dernières places disponibles d'un gradin. J'aurai réussi à négocier un prix "réduit" puisque les sièges se louent pour le week-end alors que je ne reste qu'un seul jour. Comme quoi, je m'habitue peu à peu aux coutumes locales ;). Je me retrouve finalement perché tout en haut des gradins, les fesses entre le vide à ma gauche et un voisin bien trop proche selon moi à ma droite. Mais avec des largeurs de siège de moins de 30cm, difficile de faire autrement !

Le cortège finit par arriver à mon niveau, et ne s'arrêtera pas avant la nuit. Je profite du faible nombre de spectateurs pour descendre m'accouder aux barrières, afin de mieux voir et de prendre quelques photos. Il y a énormément de "figurants" : danseurs, musiciens,... Les couleurs sont nombreuses et les costumes d'inspirations diverses : asiatiques, africaines, indiennes (au sens indiens d'Amérique du nord). La musique, basée sur un thème principal mais repris de cinquante manières différentes devient presque entêtante. Intéressant.

Le matin règne un semblant d'ordre : les militaires empêchent les spectateurs de traverser la rue n'importe où et n'importe quand, les gens se contrôlent plus ou moins. Avec le temps et surtout l'alcool, cela devient de plus en plus le Bronx. Les gens vont danser sur la route au milieu du cortège, les bombes à eau volent littéralement d'un côté à l'autre de la rue (il se crée en effet une rivalité entre les deux bords, chacun essayant de mouiller l'autre côté tout en récupérant intacte ou sans dommage les bombes à eau qu'il reçoit) et même les danseurs ou les soldats se font arroser.
Le public participe vraiment beaucoup, conspuant les danseurs lorsqu'ils ont le malheur de s'arrêter de danser (et pourtant, vue la température qu'il fait, on les comprend !), ponctue le passage d'une jolie fille par un "hey, guapita !", rit joyeusement quand un spectateur se prend une bombe à eau en pleine tête, etc. Tout le monde joue le jeu, et les plus vieux sont loin d'être les moins enclins à utiliser les pistolets à eau. Le coin où j'étais situé sera miraculeusement plutôt épargné par le déluge d'eau qui s'abattait de part et d'autre de la rue. C'est aussi bien, parce qu'entre mon appareil photo et mon manque de vêtements de rechange, cela aurait pu être assez désagréable. Et quand on est tout seul on s'amuse nettement moins à lancer des bombes à eau. Je n'aurai en effet pas réussi à retrouver Mariano et Nicolas, les deux Argentins rencontrés à Potosi, eux aussi présents à Oruro.
Plus le temps passe et plus le carnaval se désorganise. Les danseurs sont fatigués (il fait de plus en plus chaud), certains courent pour rattraper leur groupe tandis que d'autres font une pause ou retirent leur casque... quand il ne prennent pas la pause avec un spectateur pour une photo. Je commence d'ailleurs à me lasser un peu du spectacle, et suis assez content de ne finalement pas rester les deux jours. Tout finit en effet plus ou moins par se ressembler et perd peu à peu de son intérêt. Honnêtement, vous regarderiez le défilé du 14 juillet pendant deux jours d'affilé vous ?
Bref, n'étant pas avec des amis pour profiter réellement de l'aspect festif de la chose (tout le monde est de plus en plus en état d'ébriété dans la rue), c'est sans regret que je pars pour Cochabamba sur le coup des 22h30. Ne me faites cependant pas dire ce que je n'ai pas dit : le carnaval était très sympa. Mais pendant 2 jours...

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