Parti aux alentours de midi le moral dans les chaussures de marche, je fais la rencontre de Javier, mon compagnon de voyage. Coup de bol assez énorme : il est bolivien et me contredit plus ou moins tous les arguments énoncés précédemment. La saison des pluies n'est pas si terrible, les manifestations vont se resoudre, etc. Il me donne en même temps quelques conseils sur les villes à visiter.
C'est dans ces moments là que je me dis que dans un voyage, il y a une infinité de petits choix qui peuvent sembler innocents (choix d'un hotel, d'une chambre, d'une compagnie de bus ou tout simplement du siege dans un bus) mais qui ont, depuis plus d'un mois et demi maintenant, contribués de façon non négligeable à la construction et au déroulement de mon voyage. En effet, chaque décision va impliquer des rencontres spécifiques qui vont m'amener à faire des choix influencés par ces rencontres. Je ne serais peut etre jamais allé aussi vite en Bolivie si je n'avais pas rencontré Alex par exemple. Et c'est valable pour un tas de trucs. Bref... C'était ma petite pensée du jour...

Arrivé à Jujuy (dans le nord argentin donc) à 8h, nous prenons un bus à 9h30 en direction de La Quiaca, la ville argentine qui est frontalière avec le sud-ouest bolivien. Nous profiterons du temps d'attente pour déjeuner, et moi pour m'acheter des sandales en caoutchouc. Non, pas celles transparentes pour la plage, celles qui sont un peu plus modernes :o)
Le voyage de Jujuy a La Quiaca est assez surprenant : passage par des zones luxuriantes (première fois que je vois de l'herbe depuis un bout de temps) puis arides et montagneuses. Bon, j'étais crevé donc je ne pourrais pas vous en dire plus, mais comme c'est la région dans laquelle je dois revenir dans qq mois...

13h, nous arrivons à La Quiaca, et faisons la rencontre de Marianela, une jeune bolivienne d'une vingtaine d'année mais avec 4 baggages pour elle toute seule. En bons gentlemen, nous lui filons un coup de main pour traverser la frontière. Ce sera un peu le bazar d'ailleurs : longue file d'attente, des gens qui doublent, etc. Le pont qui sépart les deux pays est continuellement traversé par une nuée de passeurs, qui transportent des marchandises d'un côté à un autre côté. La population est clairement indienne (c'était déjà le cas a Jujuy, qui appartenait avant à la Bolivie) tant par la couleur de la peau que par les vêtements.

Notre premier arrêt, après le bureau de change, sera la station de bus de Villazon, la ville qui continue La Quiaca mais du côté bolivien. Cela ressemble plus à un marché qu'à une station de bus : chaque vendeuse crie à tue tête les destinations qu'elles propose, ce qui conduit à un joyeux brouhaha. Ajoutez à cela l'effervessence des petits marchands de chewing-gum, les cireurs de chaussures, etc. et vous voilà dans un univers totalement différent de celui de l'Argentine.
Après un repas au resto (steak, riz, oeuf au plat, salade, tomate, pomme de terre, le tout pour 12 bolivianos - divisez par 10 pour le prix en euros) nous visitons rapidement la "ville". Les bacs à espace verts sont barbelés (certainement pour que l'on ne puisse pas y dormir), le soleil tappe (mais sans qu'il fasse chaud) et les enfans lancent des bombes à eau sur les passants. Javier dit qu'ils ne le font pas sur les couples, et voilà donc Marianela qui s'accroche à mon bras dès que des gamins s'approchent. Quel succès. Bon, je ne sais pas si Javier disait vrai ou pas, mais en tout cas nous n'avons pas été touchés.

A 18 heures je prendrai mon bus pour Tupiza, une petite ville située au nord de Villazon, connue pour ses paysages de Western. Présent à la gare une demi heure avant, je m'apprête à monter dans le bus à 18h tappantes lorsque celui-ci s'en va, malgré mes appels au chauffeur. Petite incompréhension et frayeur (enfin, il n'y avait pas mort d'homme non plus hein) avant que l'on m'explique : le bus part vraiment pile à l'heure du terminal pour éviter des amendes. Les retardataires peuvent le prendre derrière la gare. Soit. Le voyage se passera bien même si la route est mauvaise et donc très cahoteuse. Je me prendrai d'ailleurs un fou rire solitaire en pensant à ceux qui allaient voyager toute la nuit, et donc devoir dormir dans ces conditions.